Métazét : le choix du nom.

Publié le par Miky

Pour faire suite à la demande d'un ami qui s'interrogeait sur la signification profonde du nom dont j'ai affublé mon blog, voici un nouvel article pour dévoiler le mystère, des fois que cela intéresse d'autres personnes. "Métazét" est une combinaison du préfixe "méta" qui signifie "au-delà" comme dans "métaphysique", avec parfois l'idée d'une sorte d'opération récursive comme dans "métalangage" qui est un langage qui traite du langage ; et du diminutif "zét" tiré du terme "zététique". La zététique, ou art du doute et hygiène du jugement passe par une attitude critique envers toute affirmation, et la suspension du jugement tant que l'évidence en un sens ou en l'autre sens n'est pas assez forte pour emporter une adhésion rationnelle. Aujourd'hui, par zététique, on entend surtout le mouvement sceptique contemporain représenté notamment par le CSICOP aux Etats-Unis, le Comité Para en Belgique, les Sceptiques du Québec... au Québec, et en France principalement deux associations : le Cercle Zététique et l'Observatoire Zététique, ainsi qu'un laboratoire reconnu par l'Etat : le laboratoire de Zététique dirigé par Henri Broch. C'est là que se situent mes influences culturelles et philosophiques de base. Mais, vous vous en doutez, je tiens à revendiquer un certain nombre de différences identitaires par rapports à mes camarades du CZ, de l'OZ ou du labo de Zététique.

Elles sont les suivantes :

1°) Déjà, j'ai fait le choix d'appliquer la démarche zététique à un domaine généralement laissé en friche par les zététiciens : la philosophie, la métaphysique, la religion, la théologie, la morale. En dignes héritiers du positivisme logique, les zététiciens ne se préocuppent que de ce qui peut se prêter à une démarche scientifique, expérimentale. C'est à mon avis un tort pour plusieurs raisons : cela donne l'impression d'une fermeture d'esprit
, d'une pensée exclusivement intéressée par le quantifiable et le mesurable ; ensuite, les "pseudosavants" n'auront qu'à concéder que leur démarche n'est pas scientifique, avant de s'empresser d'ajouter "oui mais elle est rationnelle", et il sera difficile de contester quoi que ce soit. Or actuellement, les "faux savoirs" ne se parent plus tant des vêtements de la science que de ceux d'une certaine rationnalité philosophique, historique ou pratique. Par exemple, ce qui a le vent en poupe actuellement, c'est d'user de l'inférence à la meilleure explication, autrement dit de la méthode Sherlock Holmes. Sans une solide critique philosophique, on ne peut guère réfuter ce genre d'argument au premier abord assez persuasif. Ensuite, si les zététiciens ne s'occupent pas de morale, les dogmatiques de tout crin auront leur lot de consolation, et continueront de semer la confusion dans les esprits en défendant leur moralisme culpabilisant et somatophobe sans fondement autre que des préjugés millénaires et des traditions suffisamment anciennes pour paraître respectables. Donc là, "métazét" signifie "au-delà de la zététique" en comprenant bien "au-delà de son domaine d'investigation habituel".


2°) Ensuite, contrairement à la zététique qui est une démarche purement critique, j'entends pour ma part être constructif et proposer quelque chose d'autre à la place de ce que je détruis, une certaine vision du monde. Je n'ai pas encore beaucoup développé cet aspect des choses, mais cela viendra en son temps. Il y a une catégorie "spiritualité laïque", aujourd'hui quasi vide, mais qui devrait être appelée à se remplir ultérieurement. Donc là, "métazét" signifie "au-delà de la zététique" dans le sens de "après la zététique... eh bien qu'est-ce qu'on fait ?".

3°) Mais la démarche zététique elle-même, je trouve intéressant de la soumettre à ses propres critères. Après tout, pourquoi douter ? Pourquoi ne pas plutôt partir d'une attitude de confiance dans l'apparence ? On peut se poser la question. En fait, le doute implique la certitude qui fonde le doute. Le "pragmatisme transcendantal" de Karl-Otto Apel vient rejoindre ce que l'on pourrait appeler "l'épistémologie de la crédulité" de Thomas Reid, et de Richard Swinburne. D'autres épistémologies (par exemple "l'épistémologie des vertus") que celle qui est en vigueur actuellement (et que l'on pourrait qualifier de "déontologique") existent et méritent analyse. Différentes affirmations peuvent être testées dans ces diverses épistémologies. Donc là, "métazét" signifie "zététique appliquée à la zététique" ou "analyse zététique de la zététique" ou encore "recherche des fondements ontologiques et épistémologiques de la démarche zététique".

4°) Enfin, une dernière raison (et non des moindres) d'avoir opté pour ce terme "métazét" est que... ça sonne bien :o)

 

Publié dans Divers

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M
Eh oué.
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S
Ah oué.                                                 
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