Mikaël
Inscrit le: 03 Sep 2003 Messages: 1214 Localisation: Nancy (France)
| Posté le: Lun Juil 31, 2006 4:07 am Sujet du message: | |
| XXX a écrit: | Citation: | Qu'est-ce que ça change que je te tue ou que je te mette en état d'absolue isolation sensorielle (et que tu ne penses à rien). | Dans un état d'isolation sensorielle je continue de percevoir le passage du temps. La mort est donc - pour celui qui la "vit" - un sommeil sans rêve duquel on ne se réveille jamais. |
Si l'écoulement du temps est une illusion créée par ta conscience (ce que je pense aussi), alors l'écoulement du temps ne peut pas t'amener à un instant du temps où ta conscience n'existe pas. Par conséquent, même si objectivement tu disparais, en revanche, pour toi-même, tu es éternel. Voilà ce que je veux dire.
« La mort n'est pas un événement de la vie. On ne vit pas la mort. Si on entend par éternité non la durée infinie mais l'intemporalité, alors il a la vie éternelle celui qui vit dans le présent. Notre vie n'a pas de fin, comme notre champ de vision est sans frontière. »
(Ludwig Wittgenstein, Tractatus Logico-Philosophicus, proposition 6.4311)
XXX a écrit: | Citation: | Comment quelque chose qui est pour nous sans durée pourrait-il nous affecter définitivement ? | Et pourtant! C'est pour ça qu'il ne faut pas craindre la mort, ce n'est pas un état indésirable mais l'absence d'état. C'est quelque chose qu'on peut comprendre mais qu'on ne peut pas concevoir. Puisqu'une conscience ne peut concevoir ce que c'est que de ne pas être. Le néant est inconcevable. |
Est-ce bien scientifique dans l'esprit de postuler de l'inconcevable ?
XXX a écrit: | Citation: | Aussi, on ne peut parler de disparition absolue de tout. | Tout à fait. Objectivement, il y a toujours quelque chose. Mais subjectivement, il n'y a rien après la mort (pour la conscience qui la "vît"). |
Sauf que subjectivement, "je suis mon monde". Aussi, subjectivement, ma propre disparition reviendrait à la disparition de tout, ce qui est incohérent, de mon point de vue.
NB : Par subjectivité, j'entend ici, non seulement mon appréhension de mon monde "intérieur" mais aussi mon appréhension du monde "extérieur". Il y a une part de subjectivité en tout, même dans l'appréhension du monde "extérieur". Bien que, pour ce dernier, elle soit faible, grâce à la confrontation de mon rapport au monde avec le rapport au monde d'autrui. Je pourrais concevoir une disparition de la subjectivité si celle-ci consiste en une fusion dans l'objectivité pure. Or ce qu'il y a de plus objectif au monde est - me semble-t-il - l'espace-temps lui-même... puisqu'il est, par hypothèse, rigoureusement le même partout pour tout le monde en tout temps.
XXX a écrit: | Si notre conscience disparaît à notre mort c'est que l'on ne peut donc rien percevoir de ce qui se trouve au-delà de cette limite. Nous ne percevons pas du néant, nous cessons d'être (puisque notre conscience n'existe que lorsque toutes les parties de notre cerveau qui la composent fonctionnent ensemble).
Vois ça comme ceci : Nous sommes des êtres limités dans l'espace (dans une zone appelée "notre corps") et dans le temps (dans une période appelée "notre vie"). Nous n'existons qu'à l'intérieur de ces balises. Ça me dérange pas de ne pas pouvoir toucher la galaxie voisine ou de ne pas avoir existé avant ma naissance... pourquoi ne pas exister après ma mort devrait me déranger? |
Je n'ai pas dit que c'était dérangeant une fois que l'on est mort, ou que le fait d'inexister était déplaisant (par définition, ce qui n'est pas, ne peut pas être malheureux [ou heureux, ou quoi que ce soit d'autre]). C'est dérangeant intellectuellement, car cela postule une "réalité" dont on ne peut rien dire, qui est absolument au-delà de toute représentation. Or, si on y réfléchi bien, cet "ineffable" se retrouve dans les définitions que certains théologiens ont de Dieu, de la Trinité, de l'Eucharistie, etc. Il me semble qu'en scientifiques, on ne peut pas se contenter d'appels au mystère. Il faut chercher à donner du sens précis aux notions que l'on utilise. D'où ma tentative de définir le néant à partir de ce que l'on peut connaître et expérimenter.
Serais-tu d'accord pour dire que la conscience est éternelle pour elle-même car elle ne peut qu'approcher asymptotiquement, sans jamais l'atteindre, l'instant où elle cesse d'exister ?
Bien à toi,
Miky _________________ Pour une zététique de la zététique : http://metazet.over-blog.com/ "Finitum non capax infiniti" ("Ce qui est fini ne peut pas embrasser l'infini", Proverbe latin) | |